Nelly FIORONI

Résumé de la thèse

Selon l’OMS, 22,2% des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance et selon le « Global Nutrition Report, 2018 », 2 milliards de personnes souffrent encore de carences en micronutriments (Fer, Zinc, vitamine A). En Afrique sub-saharienne en particulier, 14% des enfants sont carencés en fer, 45% ont un statut insuffisant en zinc et 67% en vitamine A. Par ailleurs les infections entériques et la diarrhée sont l’une des principales causes de sous-nutrition et de retard de croissance chez les enfants des pays à revenu faible ou intermédiaire et représentaient encore en 2012 la 2^ème cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde. Ainsi, en plus d’améliorer l’apport nutritionnel, les nouvelles stratégies de lutte contre la malnutrition doivent également prendre compte le statut de l’hôte (état infectieux, inflammation, microbiote intestinal).
 
Dans ce contexte, il semble intéressant de valoriser des aliments ressources traditionnels tels que les légumes-feuilles, largement consommés sous forme de sauces dans les pays du Sud. Les légumes feuilles (par exemple les feuilles de corète, d’amarante, d’oseille ou encore de baobab) sont des sources importantes de micronutriments (Fer, Zinc, pro-vitamine A) et leur consommation régulière peut contribuer à l’augmentation des apports notamment chez les jeunes enfants. Toutefois, la bioaccessibilité et la biodisponibilité de ces micronutriments sont très variables et dépendantes des variétés, des modes de préparation et de cuisson ainsi que de la présence de composés
antinutritionnels (phytates, tannins, oxalates…) inhibant l’absorption des minéraux et rendant discutable leur réelle contribution à la couverture des besoins nutritionnels. Il est donc nécessaire de trouver des moyens efficaces pour augmenter l’absorption des composés d’intérêts présents dans les légumes feuilles. L’autre intérêt des légumes feuilles réside dans leur teneur importante en microconstituants tels que les polyphénols (flavonoïdes, caroténoïdes) leur conférant des activités antioxydantes et anti-inflammatoires. Cependant il n’existe pas ou très peu de données concernant l’action des légumes-feuilles sur l’inflammation ou le stress oxydant au niveau intestinal.
 
Ce projet s’inscrit dans la problématique de santé publique que constitue la lutte contre les malnutritions dans les pays du Sud et l’amélioration de l’état de santé de groupes de populations vulnérables tels que les jeunes enfants.   L’objectif de cette thèse s’oriente vers la valorisation d’aliments ressources des pays du Sud tels que les légumes-feuilles dans un double objectif : d’une part il s’agira d’évaluer l’impact de la consommation de différents types de légumes-feuilles (deux LF ayant des compositions contrastées, tels que la corète et l’amarante) et des sauces dérivées sur la modulation de l’inflammation intestinale en utilisant un modèle de tri-culture cellulaire d’inflammation intestinale couplé à un système de digestion in vitro. D’autre part la biodisponibilité de micronutriments (Fer, Zinc, Calcium, Vitamine A) et composés bioactifs d’intérêts (polyphénols) sera étudiée en conditions inflammatoires. L’impact de la cuisson et de la préparation des légumes-feuilles sous forme de sauces traditionnelles sera également évalué.  Ce travail fournira des éléments nouveaux concernant les légumes-feuilles et leur potentiel pour lutter contre les malnutritions dans un contexte où le statut de l’hôte, notamment inflammatoire sera pris en compte.