Stéphanie ZOUNGANA le 8 décembre 2023

Pratiques d’alimentation des femmes en âge de procréer et des jeunes enfants en milieu urbain au Sahel et analyse des effets d’une stratégie commerciale de promotion de produits fortifiés en micronutriments sur l’adéquation des apports nutritionnels.

2019 - 2022

Ecole doctorale

ED GAIA

Résumé de la thèse

Au Burkina Faso et au Niger, la sous-nutrition et les carences en micronutriments chez les jeunes enfants ( JE 6-23 mois) et les femmes en âge de procréer (FAP) restent des problèmes de santé publique. La fortification des aliments avec des micronutriments est une stratégie mise en œuvre pour prévenir et lutter contre ces malnutritions. Dans ces deux pays, des programmes de fortification de masse (FM) de la farine et de l’huile existent. Parallèlement, des produits fortifiés volontairement par les entreprises, telles que des farines infantiles fortifiées (FIF) sont commercialisés, mais sont importés et chers, ou produits localement mais méconnus de la population. Les produits fortifiés spécifiquement destinés aux FAP sont quasiment inexistants. Le projet Meriem visait l’appui à la production locale de produits sains fortifiés dans les capitales du Burkina Faso, du Mali et du Niger. L’objectif de cette thèse était d’évaluer la satisfaction des besoins nutritionnels à partir de l’alimentation et les effets des différents programmes de fortification en s’appuyant sur la réalisation d’enquêtes transversales avant (T0) et après (T1) la mise en œuvre des activités du projet. Des enquêtes ont ainsi été réalisées à T0 à Ouagadougou et Niamey sur respectivement 805 et 470 JE et 1004 et 711 FAP. Elles ont été reprises à T1 chez 297 JE et 609 FAP à Ouagadougou incluant la mesure de la consommation alimentaire par rappel de 24h quantitatif. La satisfaction des besoins en micronutriments a été comparée chez les FAP et les JE avec et sans les apports des FM puis avec substitution de produits équivalents par les produits fortifiés MERIEM (pain et FIF). En outre, pour les JE, deux groupes, consommateurs de FIF et non-consommateurs ont été comparés. L’analyse des pratiques d’alimentation a révélé une diversité alimentaire faible dans les deux villes, caractérisée par une faible consommation de produits laitiers, de légumineuses et d’œufs. Plus de la moitié des enfants et des femmes n’avaient pas la diversité alimentaire minimum et étaient donc à risque de carences. Les FIF étaient consommées par moins de 25% des enfants. D’après l’enquête de consommation alimentaire à T1 à Ouagadougou, les Prévalences d’Inadéquation (PIs) des apports nutritionnels des enfants étaient élevés pour les vitamines D, B1, B9, et le fer (40 à 90%), particulièrement chez les non-consommateurs de FIF. La FM a un effet important sur les PIs des apports en zinc, vitamines A et B9 (diminution d’environ 10%). Après substitution des bouillies par les bouillies fortifiées Meriem, les PIs devenaient <20% pour la vitamine B9 et le fer, et quasiment nulles pour la majorité des autres nutriments. Chez les FAP, les PIs dépassaient 50% pour le fer, le calcium, les vitamines B1, B9 et D. La FM réduit les PIs de 13 à 38% pour les vitamines B12, A et B9. Le remplacement du pain ordinaire par du pain fortifié réduit les PIs d’environ 20% pour la vitamine D et le calcium. Nos résultats mettent en lumière les insuffisances d’apports du régime alimentaire, l’importance et les limites des programmes de fortification existants. Les produits Meriem contribuent significativement à augmenter la couverture des besoins en micronutriments, même lorsqu'ils remplacent d'autres produits fortifiés importés. Ces résultats suggèrent la nécessité de revoir les niveaux de fortification des programmes actuels et d'assister les entreprises à la formulation de compléments minéraux et vitaminiques mieux adaptés pour des couvertures plus équilibrées des besoins nutritionnels.
Il s’agira au travers d’enquêtes transversales répétées et approfondies (i) de caractériser les niveaux socio-économiques et démographiques des ménages consommateurs de ces produits; (ii) d’analyser leurs fréquences et modalités d’approvisionnement ; (iii) d’étudier la consommation de ces produits par les individus cibles et (iv) de caractériser les modifications déclarées que la consommation des produits peut engendrer. Des enquêtes de consommation par rappel de 24h permettront de comparer la satisfaction des besoins nutritionnels en fonction du niveau de consommation. Les résultats de cette étude donneront des éléments pour apprécier l’efficacité de cette stratégie.

Lieu d'étude

Montpellier, Ouagadougou, Niamey, Bamako

Mots clés

Aliments fortifiés, Consommation alimentaire, Alimentation de la femme en âge de procréer et du jeune enfant, Retard de croissance, Évaluation d’impact.

Encadrement

JURY

Jean-François HUNEAU                       Professeur, AgroParistech, Paris, France                                    Rapporteur
Lieven HUYBREGTS                            Chercheur Senior, IFPRI, Washington, États-Unis                        Rapporteur
Mathilde SAVY                                   Directrice de recherche, IRD, Montpellier, France                         Examinatrice
Elodie BECQUEY                                Chercheur Senior, IFPRI, Dakar, Sénégal                                     Examinatrice
Jérôme SOME                                   Chercheur, IRSS, Ouagadougou, Burkina Faso                             Membre invité
Claire MOUQUET-RIVIER                    Directrice de recherche, IRD, Montpellier,France                          Directeur de thèse

Financement de la thèse

Projet MERIEM